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En honneur à leur mémoire - Justin Woodcock rend hommage aux anciens combattants autochtones et à leur combat pour la justice

Par Martin Zeilig


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Chaque année, le 11 novembre, alors que les Canadiens se rassemblent pour rendre hommage à ceux qui ont servi leur pays, la Journée des anciens combattants autochtones et le jour du Souvenir offrent un moment non seulement de réflexion, mais aussi de reconnaissance.


Pour Justin Woodcock, directeur du programme des anciens combattants des Premières Nations à la Southern Chiefs Organization, les jours qui précèdent le jour du Souvenir ont une importance particulière, non seulement en tant qu'ancien soldat, mais aussi en tant que défenseur acharné des anciens combattants des Premières Nations dont les sacrifices ont longtemps été méconnus.


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M. Woodcock prendra la parole lors de la cérémonie de la Journée des anciens combattants autochtones sur Higgins Avenue, assistera à la cérémonie principale du jour du Souvenir à la RBC et se joindra à un rassemblement des Chevaliers de Colomb avec le grand chef Jerry Daniels. Sa présence est plus que symbolique : c'est un appel à se souvenir de l'histoire complexe du service militaire autochtone au Canada.


« Beaucoup de nos anciens combattants se sont battus pour la démocratie à l'étranger, pour finalement revenir dans un pays où ils n'avaient pas le droit de vote, explique M. Woodcock. Ils se sont battus pour une liberté dont ils ne jouissaient pas eux-mêmes à leur retour. »


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C'est cette vérité qui motive son travail. Ancien combattant ayant servi pendant près de dix ans dans les Forces armées canadiennes, M. Woodcock a passé cinq ans dans le Lord Strathcona's Horse et trois autres comme ingénieur des systèmes de combat à bord du NCSM Regina. Né à Winnipeg et élevé dans la communauté nordique de la nation crie O-Pipon-Na-Piwin, il est rentré chez lui après son service avec une nouvelle mission.


« J'ai commencé à perdre des amis à cause du TSPT et de la toxicomanie », se souvient-il. « Cela a déclenché quelque chose en moi. »


Cette étincelle l'a conduit dans une unité militaire de santé mentale, non pas pour demander de l'aide, mais pour poser une question qui allait changer sa vie : « Je veux votre poste. Comment puis-je occuper votre place ? »


Inspiré par sa mère, assistante sociale, Woodcock a obtenu un diplôme en travail social à l'université du Manitoba.


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Aujourd'hui, il dirige le programme First Nation Veteran, le premier du genre au Canada. Basé sur la roue médicinale, ce programme aide les anciens combattants à retrouver leur bien-être spirituel, émotionnel, physique et mental. Les services proposés comprennent une aide pour les demandes d'indemnisation des anciens combattants, des ateliers de guérison culturelle tels que des cérémonies de hutte de sudation et la fabrication de tambours à main, ainsi que des événements mensuels qui favorisent la cohésion communautaire et la résilience.


Mais le travail de M. Woodcock va au-delà du simple soutien : il s'agit d'un changement systémique. Il milite activement en faveur d'une réforme politique, en particulier en ce qui concerne l'accès aux soins traditionnels.


« Si un ancien combattant souhaite consulter un guérisseur traditionnel, rien n'est pris en charge, explique-t-il. Le transport, les remèdes sacrés, les honoraires... tout est à leur charge. Mais s'ils se rendent dans un hôpital du centre-ville, tout est pris en charge. Ce n'est pas normal. »


Il a porté ce message au niveau fédéral, en rencontrant l'honorable Jill McKnight, ministre des Anciens Combattants, et en collaborant avec des alliés provinciaux tels que le député David Pancratz. Ensemble, ils ont défendu le projet de loi 210, qui a récemment été adopté en troisième lecture et qui devrait recevoir la sanction royale. Ce projet de loi fera de la Journée des anciens combattants autochtones une journée célébrée de manière permanente au Manitoba, une reconnaissance historique d'une histoire trop souvent négligée.



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Woodcock se passionne pour sensibiliser les Canadiens à la raison d'être de la Journée des anciens combattants autochtones.


« Il s'agit d'honorer l'histoire unique et douloureuse du service militaire des Premières Nations », explique-t-il.


Qu'il s'agisse d'être contraints de renoncer à leur statut prévu par les traités pour s'enrôler ou de se voir refuser des avantages tels que des concessions foncières à leur retour, les anciens combattants autochtones ont été victimes d'une discrimination systémique.

« Ils ne pouvaient pas retourner dans la réserve et ils n'avaient aucun soutien en ville », souligne-t-il. « Ils sont passés entre les mailles du filet. »


Il cite l'histoire de Tommy Prince, l'un des soldats autochtones les plus décorés du Canada, qui a dû tenter trois fois de s'enrôler en raison des barrières raciales. « Pouvez-vous imaginer la perte que cela aurait représenté si quelqu'un comme Tommy Prince n'avait pas été autorisé à servir ? »


Les origines modernes de la Journée des anciens combattants autochtones remontent à un incident survenu en 1991, lorsque des anciens combattants des Premières Nations se sont vu interdire de déposer une couronne lors de la cérémonie nationale du jour du Souvenir à Ottawa.



« On leur a dit d'attendre jusqu'à la fin », raconte M. Woodcock. « Ils ont donc créé leur propre journée. C'est très fort. »


Il souligne également l'histoire de Francis Pegahmagabow, le tireur d'élite le plus efficace de la Première Guerre mondiale avec plus de 330 victimes confirmées.

« Il est rentré chez lui et est devenu chef. C'est l'esprit de service que nous incarnons, non seulement au combat, mais aussi dans le leadership. »


Le travail de M. Woodcock se poursuit dans les communautés rurales, où il entend souvent dire : « Il n'y a plus d'anciens combattants. » Mais il sait que ce n'est pas vrai.

« Il y a des anciens combattants d'Afghanistan qui vivent là-bas. Des anciens combattants des années 90. Mais l'image que les gens ont des anciens combattants est figée à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre de Corée. »


Son message final est clair : « J'espère que les Canadiens prendront un moment pour réfléchir à l'histoire complexe mais importante des soldats autochtones. Ils se sont battus pour une liberté qu'ils n'avaient pas eux-mêmes lorsqu'ils sont rentrés chez eux. C'est quelque chose que nous ne devons jamais oublier. »


Honorons leur mémoire.

 
 
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